Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

Hier, ils se sont réunis pour mettre au point la

Hier, ils se sont réunis pour mettre au point la procédure de recherche du domaine convoité. Il a été décidé que Jeannot et David s’occuperont de la prospection, puisque Borg est retenu par la naissance imminente de son enfant. David a insisté pour obtenir les compétences d’une personne du bâtiment.

Béryl a saisi l’occasion pour mettre la famille Samplard à l’ordre du jour. Monsieur Samplard travaille dans le bâtiment, et Madame Samplard semble la personne idéale pour seconder Line dans son travail avec les enfants.

Borg sourit : il connaît l’affection de sa femme pour la petite Samplard, Louise, et souhaite de tout son cœur que ce Monsieur Samplard aie les qualités requises. Il suffit de s’en assurer, dit-elle, en les invitant à passer un week-end chez eux.

        Monsieur Samplard a la réputation d’un homme juste, et il fait honneur à cette réputation en reconnaissant que son cousin est fort généreux d’accueillir dans sa maison quatre personnes, même s’il se trouve qu’il s’agit de sa famille.

Lorsqu’on n’a pas de gros moyens, et qu’on a tout perdu dans une catastrophe, c’est un soulagement de trouver un toit pour abriter les siens.

Mais la cohabitation n’est pas aisée. La maison est petite, ils ne disposent  que d’une pièce dans laquelle ont été tassés deux grands lits, qui laissent tout juste un petit couloir pour passer.

Il ne faut pas qu’ils se plaignent de cet inconvénient : les deux fils de la maison doivent maintenant dormir ensemble dans la même chambre. Ils font ce qu’ils peuvent, et c’est déjà bien.

Il n’y a qu’une salle de bain, cela pose des problèmes le matin, mais il suffit de s’organiser. Le pire, ce sont les cabinets, enfin, le cabinet : ça, on ne peut pas l’organiser, ça vient quand ça veut, et c’est terrible.

Le soir, la télévision hurle jusqu’à une heure indue des émissions débiles ou des matches de foot. Monsieur Samplard reconnaît que ces gens sont chez eux et qu’ils ont le droit d’y vivre à leur manière, mais que tout cela est fatigant à la longue !

Il a toujours pensé que son cousin est un drôle de phénomène, assez vulgaire, mais bon bougre, et jusqu’à présent, ses facéties d’un goût douteux le faisaient sourire. Mais dans cette promiscuité quotidienne, cela ne l’amuse plus du tout. D’autant plus que ses deux fils suivent l’exemple du père, et que la mère, se faisant rabrouer vertement lorsqu’elle émet la moindre critique, a pris l’habitude du silence.

Il ne se passe pas un jour sans que soient racontées, à la table familiale, des histoires graveleuses sur des sujets scabreux. Et puis son cousin pète beaucoup, même à table. Ça pue énormément, et c’est intolérable.

Il espère que ses filles ne seront pas trop contaminées par ces mauvaises manières et leur fait la leçon à voix basse tous les soirs.

Il faut bien faire avec. Monsieur Samplard a fait ses comptes : Avec le crédit de la voiture, les frais de restauration de leur maison – on sait bien que les assurances se débrouillent toujours pour rembourser le moins possible – ils ne peuvent supporter le prix d’un loyer. Marie-Thérèse lui a dit de réfléchir aux frais de route que lui occasionne tous les jours, le voyage aller-retour Mantes/Evreux pour son travail. Il a répondu que par rapport à un loyer, ça fait quand même une économie. Et sa femme l’a regardé bien en face pour lui demander s’il pensait que cette économie était bien placée.

Depuis, il se pose la question, mais n’arrive pas à prendre de décision contraire à la suprématie établie dans son esprit, en ce qui concerne l’Argent. Et cela le tourmente.

Le lendemain, Marie-Thérèse reçoit un appel téléphonique de Béryl :

-  « Bonjour, Madame Samplard, J’espère que votre séjour dans votre famille se passe bien. Je vous ai promis de vous rappeler : Nous aimerions, mon mari et moi, vous inviter le week-end prochain à Paris, pour vous parler d’une chose qui pourrait vous intéresser. Cela vous est-il possible ? »

Marie-Thérèse est si heureuse de pouvoir échapper ne serait-ce que deux jours à cette ambiance familiale très tendue, qu’elle accepte tout de suite l’invitation de Béryl, et note les indications de trajet et d’horaire.

3ème PARTIE 

CHAPITRE 1

        Borg et Béryl se promènent souvent dans le bois de Boulogne. Les préférences de Béryl vont au lac où elle aime à retrouver des reflets sur l’eau, qui lui rappellent ceux de l’Eure. Nostalgie ? Pas vraiment, plutôt reconnaissance du pays de son enfance où son cœur à grandit, près de l’eau douce qui sait parfois devenir violence.

Elle apprécie les  déjeuners sur l’île où se promènent des paons. Ces oiseaux qu’elle ne connaissait pas, l’émerveillent par leur somptueuse beauté. Les premiers temps, Borg lui fait croire qu’ils sont destinés à finir dans l’assiette des clients, et Béryl décrète qu’elle ne mettra plus les pieds dans ce restaurant. Borg rit tellement de sa crédulité qu’elle s’en fâche un peu:

-  « Ce n’est pas très gentil de rire de mon ignorance ! On mange bien des faisans, qui sont de beaux volatiles, alors pourquoi pas des paons ? Ce qui me déplait dans cette idée, c’est de regarder ceux qui se promènent, alors qu’un de leur copain gît dans mon assiette. C’est… indécent ! »

Ce qui a le don de décupler la gaieté de Borg.

        Depuis qu’ils se sont installés à Paris, Béryl découvre des choses qui la fascinent, et d’autres qui l’effraient, comme la façon de conduire des parisiens. Elle comprend les réflexions de Marie à ce propos, mais pour elle, c’est encore pire : Il lui est difficile de prendre le volant et d’en rester maître, dans l’interférence d’agressivité et de stress qu’elle perçoit dans les rues de Paris. Mais ça n’est pas grave : vu l’importance de son ventre, il est pour le moment hors de question qu’elle conduise. Et plus tard, elle se retrouvera dans le calme de la campagne.

Ce séjour à Paris n’est qu’une interface dont elle exploite les avantages, en évitant les inconvénients. Elle visite en taxi les musées, les expositions, se rend aux conférences qui l’intéressent, et surtout, prépare la venue de leur enfant, annonciateur de joies profondes. 

        Cette décision de départ a choqué Jeannot qui supporte mal la séparation. Borg lui a expliqué que cette solution est provisoire et impérative compte tenu de l’énorme travail que représente l’organisation de leur projet. Ils se voient tous les week-ends. Les premiers temps en Normandie, puis à présent à Paris, puisqu’on ne peut plus imposer ce voyage à Béryl.

Publicité
Publicité
Commentaires
LA RIVIERE GLACEE
Publicité
Albums Photos
Derniers commentaires
Publicité