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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

- « C’est fou ce que le manque de communication

-  «  C’est fou ce que le manque de communication peut entraîner de situations douloureuses. Il ne faut plus jamais laisser s’installer ce truc entre nous, tu entends ? »

David sourit et répond :

-  «  J’ai capté le message, ne t’inquiètes pas. Mais maintenant, entre les huîtres et les bulots, tu pourrais peut-être me raconter ce qui occasionne cette rencontre. »

-  Oui… Mais je ne sais pas par où commencer… Peut-être par cette inondation. Voilà, je ne suis pas certain que cela ne se reproduira pas. Je voudrais savoir si tu as des informations sur ce foutu climat qui se détériore. Et puis… J’ai un projet dans la tête, et j’aimerais avoir ton opinion, et quelques conseils. »

-  «  En ce qui concerne ta première question, la réponse est non. J’ai moi-même étudié la question, et je me suis heurté à un mur de silence… ou d’ignorance, va savoir. Entre ceux qui parlent de fin du monde, et d’autres qui haussent les épaules en les traitant d’illuminés, il est difficile de se faire une idée. Ce qui me fait penser, par expérience, que c’est beaucoup plus grave qu’on ne le croit. En tous cas, rien de bien déterminant ne se décide sur le plan international. Comment faire, d’ailleurs ? Toute l’économie mondiale serait remise en question. En attendant, des petites mesures sont envisagées, mais suffiront-elles ? »

-  «  Comment se fait-il que tu te sois intéressé à ce genre de problème ? »

-  «  Au départ, c’était pour mes affaires. J’ai des intérêts dans le monde entier, et je dois savoir où je mets les pieds. Puis, petit à petit, le sujet m’a passionné… Mais parles-moi donc de ton projet, tu as éveillé ma curiosité. »

-  «  C’est… un projet pas encore bien peaufiné, mais… voilà : Je n’ai pas l’intention de rester dans cette vallée où ce qui vient de se produire peut recommencer. Alors si nous devons partir ailleurs, pourquoi ne pas envisager quelque chose de plus… passionnant que le destin limité d’un médecin de campagne. Je voudrais ouvrir un centre pour aider des personnes… de toutes les façons qu’on peut le faire… Je n’ai pas encore mis tout ça sur papier, mais j’ai déjà pas mal de choses dans la tête. Qu’en penses-tu ? »

-  «  Que du bien ! »

-  «  Et c’est tout ? »

-  «  C’est déjà pas mal. Répond David en souriant. Mais il faudrait que tu me présentes quelque chose de concret. Si tu étais d’accord… j’aimerai bien y participer. »

-  «  Papa, je ne suis pas venu te demander de l’argent ! J’en ai d’ailleurs suffisamment ! »

-  «  Je sais. Quand je dis vouloir participer, c’est venir près de toi pour t’aider. J’ai l’intention de me mettre en retraite. J’ai suffisamment travaillé jusqu’à présent pour le restant de mes jours. Je t’ai déjà dit que je voulais commencer à vivre. Et j’aimerais que ce soit près de mon fils, si c’est possible. »

-  «  Avec maman ? »

-  «  Ah ! Ah ! Ah ! Non, rassures-toi. Tu pourras continuer à voir ta mère quand tu le voudras, mais sans moi. Je suis déterminé à mettre de l’ordre dans ma vie, et le premier pas sera mon divorce. Ne t’inquiètes par pour elle, elle ne sera pas malheureuse. »

-  «  Ce n’est pas un changement, c’est une révolution ! »

-  «  En quelque sorte. Maintenant, je vais te donner les premiers conseils que tu m’as demandés  pour ton fameux centre :

N’hésites pas à faire les choses en grand. Il y a beaucoup de malheureux, et il y en aura de plus en plus.

Choisit plutôt un endroit sur un plateau tempéré, où tu puisses vivre en autarcie, mais pas trop loin d’un grand centre.

Tu auras besoin de beaucoup plus d’argent que tu ne le penses. Borg, tu ne peux même pas imaginer des moyens dont je dispose : Ta fortune, à côté de la mienne est un fétu de paille. Et l’argent donne le pouvoir. Je parle de pouvoir en tant que possibilité, bien entendu. Je suis prêt à investir cette fortune dans la réalisation de ce projet. Je peux, si tu veux bien de moi, m’occuper de la partie administrative. Alors ? …»

-  «  C’est d’accord, bien sûr ! Mais c’est une grande entreprise ! Je dois en parler avec Béryl et mes amis, car j’aimerais bien qu’ils me suivent. Il va falloir choisir l’endroit, et après … Mais puisque tu parles de pouvoir… Et puis zut, ce n’est ni le moment ni l’endroit d’ parler. Dès que j’aurai structuré ce projet, je te demanderai de venir en Normandie. C’est possible ? »

-  «  Tout est possible. Je viendrai quand tu me feras signe. Préviens-moi simplement vingt-quatre heures à l’avance. »

-  «  Tu viendras même si l’endroit manque de confort ? »

David rit et lui répond ;

-  «  Décidément, Borg, tu me connais bien mal ! »

        Dans sa voiture qui le conduit à l’appartement Du XVème où l’attend sa petite famille, Borg éprouve une joie profonde à se remémorer tous les détails de son entrevue avec son père. Le passé est exorcisé. Qu’importe si l’avenir est fait de luttes et de combats : Ils seront ensemble.

Son esprit est clair et déterminé. Il veut d’abord en parler avec Jeanot. Peut-être lors d’une promenade à cheval. Il va enfin retrouver son « potache. » Il faudrait qu’il lui trouve un nom, à ce pauvre cheval. Voyons… Pégase ? Non, c’est trop prétentieux pour lui… Eureux ! Voilà ce qui convient à ce cheval sauvé de l’Eure !

Il arrive à l’appartement dans un état de bonheur si parfait, qu’il en  frôle l’euphorie. Il s’est muni de fleurs magnifiques pour Line et de champagne.

Dommage que Jeannot ne sois pas là !

Il est décidé à repartir en Normandie demain à la première heure.

La soirée se passe très gaiement. Béryl sait que Borg a retrouvé son père, dans tous les sens du terme. C’est la raison de cette joie qui fait briller ses yeux, et trouve résonance dans son cœur empli d’amour.

Line est profondément émue d’avoir des nouvelles de Djamal, et de savoir qu’il s’est inquiété pour eux. Elle aurait du le prévenir ! Ce sont ces évènements qui lui ont mis la tête à l’envers. Elle va lui écrire. Elle s’inquiète du temps qu’il faudra pour récupérer la maison, parce que sa maison, c’est son gagne-pain. Borg la rassure en expliquant que les assurances couvriront une grande partie des travaux. Mais comme chacun sait que les remboursements sont très longs à venir dans ce genre de sinistre, il lui avancera la somme. Dès que l’expert sera venu faire le constat. En attendant, il faut attendre la décrue. Ce que Borg ne dit pas, c’est qu’il espère bien les embarquer tous les quatre dans son projet, et plus tard, récupérer Bert. Il a demandé à Béryl de laisser une certaine somme à ses parents pour qu’ils puissent survivre en attendant des jours meilleurs.

        Ils partent le lendemain matin sous un soleil de printemps. Ce renouveau est bienvenu. Borg se souvient de ce jour, sur la rivière glacée, où ses pensées influençaient l’environnement. Il retrouve aujourd’hui cette même sensation. Son âme est couleur du temps, des yeux de Béryl, de son sourire. La force vitale qui l’empoigne est en accord avec tout ce qui fait le monde. Il accepte même l’absurde folie qui fait tourner trop vite le manège de la vie. Il l’accepte et la tolère pour se libérer de la colère. Et pour mieux la combattre.

Il n’est plus seul. Son idéal de jeunesse, ce fameux chevalier solitaire partant l’épée à la main pour des guerres épiques n’existe plus. Maintenant, il  n’est plus, mais ILS SONT.

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