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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

Deux jours plus tard, Béryl reçoit un appel

        Deux jours plus tard, Béryl reçoit un appel téléphonique de sa mère. Line lui demande comment elle va, si son « petit » se porte bien – pour Line, ce fœtus de trois mois est déjà une personne – si son mari va bien aussi. Béryl sourit et lui dit :

-   «  Tout va bien, maman, mais je sais que tu veux me dire quelque chose d’important : je t’écoute. »

-  « Eh bien voilà… Ce petit de la D.A.S.S. Tu sais : Djamal, on doit le renvoyer dans son foyer la semaine prochaine, et ça ne me plait qu’à moitié… Je voudrais savoir ce que tu en penses. »

-  «  Ma petite mère chérie, j’ai toujours pensé comme toi. Mais en as-tu parlé avec Djamal ? »

-  «  Non, je n’en ai parlé qu’avec Paulo, et tu sais bien comment est ton père : Il est toujours prêt à me suivre en tout. Cela me donne une grande responsabilité, c’est pourquoi je voulais en discuter sérieusement avec toi. »

-  «  Si Djamal est d’accord, le seul problème qui risque de se poser est matériel : C’est une lourde charge, un jeune homme de seize ans. Et il y a les jumelles derrière. Tu devrais en parler avec tonton Jeanot. Quant à moi, si cela se fait, je ferais tout mon possible pour t’aider. »

        Line réfléchit. Elle ne fait que ça depuis deux jours. Elle s’est attachée à ce petit, cela, c’est une évidence. Il est majeur dans deux ans. Elle peut peut-être attendre ce moment pour le recueillir définitivement, et le prendre le plus souvent possible en attendant ce jour. S’il veut bien. Finalement, elle se pose beaucoup de questions sans même savoir si le petit accepterait leur tutelle. Que tout ça est compliqué ! Béryl a raison, elle va appeler Jeannot, il a toujours des idées en réserve. »

Jeannot enregistre un de ses récits de voyage, quand le téléphone sonne. Il va répondre et comprend très vite le message de Line : elle s’est entichée de ce petit black, et se le veut dans son giron. Il hurle :

-   «  C’est une bonne idée, il pourra venir s’occuper de Beauty, parce que Marie, c’est pas son truc, les chevaux. »

-   «  Jeannot, je ne pense pas que ce soit un argument fondamental pour adopter un enfant. Je suis certaine que tu es capable de trouver des raisons plus intelligentes, et de crier moins fort au téléphone. »

-   «  Ah ! Ah ! Ah ! C’était pour rire ! Je vais parler tout doucement pour te dire de l’adopter, ce petiot ! Si tu ne le fais pas, tu vas te ronger le moral à longueur de journée. Je t’aiderai du mieux que je peux. Je lui apprendrai à monter à la cow-boy. Ah ! Ah ! Ah ! … Line, et lui, comment il réagit ? Est-ce que tu m’entends bien quand je parle comme ça ? »

-   «  Je t’entends parfaitement… Je ne lui en ai pas encore parlé. »

-   «  C’est pourtant le premier intéressé ! Tu as les jetons qu’il te dise non ? »

-   «  Oui. »

-   «  Mais si tu ne lui demandes pas, tu ne sauras jamais… Line, veux-tu que je sois près de toi pour cette parlotte ? »

-   «  Je voudrais bien. Toi et Paulo. Vous avez connu cette vie là, vous saurez mieux que moi lui expliquer les choses. »

-   «  Je viendrai quand tu veux, ma Line, mais contrairement à ce que tu crois, c’est toi qui possèdes le meilleur argument. Tu as juste à dire ce que tu penses : Je t’aime mon petit gars, et j’ai envie de te bichonner comme une mère poule. Et c’est tout. »

-   «  Je n’oserai jamais dire une chose pareille à un jeune homme de seize ans. S’il en avait dix, je ne dis pas… Mais là, je ne trouve pas les mots. »

-   «  Alors je les dirai pour toi. Et on attendra la réponse du petit gars. Ça te va, comme ça ? »

-   «  Oui, merci Jeannot. Je te rappelle pour te dire quand. »

Jeannot raccroche et se tourne vers Marie pour lui dire d’un air rêveur :

-   «  Je n’ai jamais compris pourquoi les gens font autant de cinéma pour dire une chose aussi simple que : Je t’aime. Moi je me sens capable de le hurler à la terre entière. MARIE ! JE T’AIME ! »

-   «  Chut ! Ne cries pas aussi fort, Beauty va t’entendre ! »

-   «  Et alors ? »

-   «  Il va être jaloux. »

Depuis ce jour, Jeannot parla comme tout le monde au téléphone, et la seule personne qui le regretta fut Borg. Ce petit défaut de son ami a toujours eu le don de le mettre en gaieté.

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