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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

C’est David qui prend la parole pour mettre les

        C’est David qui prend la parole pour mettre les Samplard au courant de leur projet. Il demande ensuite s’ils seraient intéressés d’y participer, et dans un premier temps, si Pierre serait d’accord pour les accompagner, Jeannot et lui, pour les aider par ses connaissances du bâtiment, au choix des locaux. Pierre, avec son éternel souci de l’Argent, répond qu’il faut voir les conditions. David dit que cela va de soi, et que lui aussi aimerait quelques détail sur ses compétences, et savoir pour quelle entreprise il travaille.

Leurs échanges se font sur un ton de plus en plus amical, et David comprend que cet homme qui se comporte dans la vie avec beaucoup de rigueur, est foncièrement honnête, et absolument  intègre. Cela lui plait, car ce genre de personne devient rare. Quant à sa femme, Marie-Thérèse, elle semble de la même espèce, mais avec une nuance plus douce dans le regard. Et quelque chose qui manque à son époux : l’humour.

Béryl demande alors à Marie-Thérèse, si cela lui plairait de travailler avec sa mère pour s’occuper des enfants, ce qui lui permettrait de travailler tout en continuant à s’occuper de ses filles. Marie-Thérèse baisse la tête et ne répond pas. Elle a une boule coincée dans la gorge et fait d’énormes efforts pour ne pas se laisser aller à pleurer. Ce qu’on leur offre ici, c’est la fin de tous leurs ennuis. Une existence de travail agréable et de joie auprès de personnes qu’elle aime et respecte infiniment. C’est le rêve. Elle voit Pierre qui hésite encore en se trémoussant sur sa chaise. Elle se ressaisit et lui demande :

-  «  Y a t-il quelque chose qui te déplaise dans cette proposition ? »

-  «  Non, mais… Que deviendra notre pauvre maison ? »

-  «  Si tu veux rester dans ta maison boueuse, personne ne t’en empêche. Mais ne comptes pas sur moi pour y rester avec toi. Moi, je suis décidée à accepter cette offre extrêmement généreuse. Alors ? »

Pierre pense que les relations entre sa femme et lui se transforment. Il est hors de question de lui laisser porter la culotte, alors il proteste :

-  «  D’abord, c’est à la femme de suivre son mari ! »

-  «  Il me semble que le moment est mal choisi, pour débattre de nos histoires de famille. Je te demande simplement si c’est oui ou si c’est non ! »

-  «  Tu ne veux pas qu’on en discute un peu plus ? »

-  «  Non. »

-  «  Alors c’est oui. »

Ce que femme veut… pense Borg, amusé.

        En Normandie, Jeannot et Marie vivent l’un pour l’autre, en solitaires. Mais cette solitude ne tarde pas à être compromise par les nouveaux « potes » de Jeannot : Campoin, Cormessard, et le maire, qui font sans cesse appel à sa bonne volonté, son grand cœur, et ses muscles. Il y a tant à faire pour remettre la vallée en état, qu’il est indispensable que tout le monde s’y mette.

-  «  Tout le monde, je suis d’accord, dit Marie, mais pas toujours le même monde ! »

Mais Jeannot ne sait pas refuser. Alors Marie termine toute seule ce fameux livre qu’ils ont commencé ensemble. Elle souhaite qu’il soit fini avant d’entamer un nouvel épisode de sa vie avec le projet de Borg. C’est en bonne voie. C’est excellent, elle le sait, mais encore faut-il que l’éditeur soit de son avis. C’est tellement aléatoire. Sans cette confiance qui conduit ses concepts, cette foi inébranlable dans l’énergie qui régit toutes ses actions, il y aurait mille raisons de se décourager. Alors Marie continue, avec Diva qui ne la quitte plus, à remplir son écran d’ordinateur d’aventures fabuleuses. Elle se souvient d’une chanson :

« Ma vie n’est qu’une suite d’aventures

L’amour y passe mais ne s’attarde pas.

Il ne suit pas le rythme de mes pas,

Je suis ailleurs avant qu’il ne murmure :

Pour une fois je t’en prie attends-moi ! »

Jeanot l’a attendue. Ils sont faits l’un pour l’autre : Elle aussi brûle de la passion de l’inconnu, de la découverte, de la rencontre. Elle sait qu’en d’autres lieus, le goût de vivre peut prendre la saveur de l’extrême. Cette certitude lui donne la patience de supporter au présent, la suite des jours monotones.

        A Paris, c’est la panique. L’enfant arrive ! Borg court à travers l’appartement en oubliant à l’arrivée ce qu’il est venu chercher. Alors il revient en courant, et repart aussi sec, en se promettant cette fois de se rappeler… trois kilomètres à pieds, ça use, ça use… chante-t-il pour se calmer. Ils ont décidé de se débrouiller tous seuls avec cet événement. Béryl l’assume dans la plus parfaite sérénité, en contrôlant sa souffrance et celle de l’enfant. Mais Borg est dans un état proche de… l’Ohio, dirait Jeannot. Ah ! Que n’est-il là, cet accoucheur génial en tout genre ! Borg respire profondément. Cette foutue émotivité lui joue toujours des tours de cochon… cochon qui s’en dédit… dis-moi ce qu’il faut faire, ô mon dieu !

Le docteur disjoncte et l’homme fout le camp, mais ce quelque chose… cette force irrépressible en réserve dans son esprit, prend les commandes et hurle : BORG ! ELLE A BESOIN DE TOI ! Alors la vie redevient normalité. Borg est là pour recevoir dans ses mains nues, ce nouvel être qui est SA FILLE !

        David est venu le soir même faire la connaissance de sa petite fille. Il est  si ému de l’avoir dans ses bras qu’il ne sait quoi dire d’autre que :

-  «  Ah ! Ma petite fille ! Ah mon dieu! Ma petite fille… »

Alors que beaucoup de personnes se demandent pourquoi ils ont mérité les malheurs qui leur arrivent, David, lui, s’étonne de sa chance. Qu’a-t-il fait pour que de tels bonheurs lui soient donnés, soudain ? Et il se met à pleurer.

-  «  Ah! Dit Borg pour lui laisser le temps de se reprendre, je sais maintenant d’où me vient mon émotivité à fleur de peau. Espérons que Rachel héritera du caractère placide de sa mère et non point de nos larmes faciles. »

David le regarde avec surprise et demande :

-  «  Vous l’appelez Rachel… comme ma mère ? Mais alors, dites-moi… vous la baptisez à la synagogue et non pas à l’église ? »

-  « Ni l’une ni l’autre ! Nous la baptiserons nous-même au nom de l’amour, tout simplement. Et je défie quiconque, de ne pas nous en croire plus digne, qu’un prêtre ou qu’un rabin. »

        Ainsi fut-il fait, en présence de tous leurs proches, qui s’accordèrent à voir en cette enfant un chef-d’œuvre de perfection.

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