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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

Arrivé au hangar, il prend du foin pour les

Arrivé au hangar, il prend du foin pour les bouchonner, construit une cloison avec des mottes de paille pour séparer les vaches des chevaux, et sort retrouver Borg pour lui dire qu’il a du boulot de toubib qui l’attend dedans, et que lui, il va continuer dehors. Borg lui répond qu’il n’est pas question pour lui de soigner les bêtes tout seul. Il faut quelqu’un pour les tenir, il ne veut pas se faire piétiner.

Il est plus de  quinze heures, quand toutes les bêtes qu’ils ont pu trouver – Il y en avait d’autres dans le champ suivant –  sont dans le hangar. Mais il reste encore à les soigner. Ils se reposent un court moment pour avaler un sandwich et boire le café du thermos, et commencent les soins.

Le hangar est plein. Ça remugle et renâcle dans tous les coins. Jeannot avait raison : C’est rudement dur la peau de vache, et en plus, elles bougent sans arrêt, bien que Jeannot fasse son possible pour les maintenir. Il y a beaucoup plus de vaches que de chevaux blessés. Borg s’en étonne et Jeannot lui dit :

-  «  Les chevaux peuvent sauter les obstacles, pas les vaches, elles foncent dedans, alors forcément... »

-  «  Je suis inquiet pour un des chevaux : j’ai cru que sa patte était cassée. »

-  «  Si c’était le cas, il n’aurait jamais pu marcher jusque là. Et heureusement pour lui : Les chevaux comme ça, on les abat. »

Borg répond qu’il y a eu assez de morts pour aujourd’hui, et que de toute façon, il se voyait mal tordre le cou d’un cheval.

Il est presque dix-sept heures, quand tous les animaux ont reçu les soins nécessaires. Jeannot récupère deux containers remplis de pluie, et, avec l’aide de Jeannot, les rentre pour servir d’abreuvoir. Borg laisse un mot sur la porte, à l’intérieur, pour expliquer la présence des animaux, laisse ses coordonnées, au cas où… Puis il ferme la porte, soupire de soulagement et dit.

-  «  Voilà ! J’espère bien en avoir fini, avec ces bêtes ! »

-  «  Tu plaisantes ? Il va falloir venir traire les vaches demain matin, déjà qu’aujourd’hui, personne n’a du s’en occuper ! On ne peut pas les laisser exploser des mamelles, les pauvres ! »

-  «  Il n’en est pas question, nous allons téléphoner à un fermier pour qu’il se débrouille avec ça ! »

-  «  Il ne voudra peut-être pas, ce ne sont pas ses bêtes. »

-  «  Il faudra bien qu’il le fasse s’il veut garder toutes ses dents. » Répond Borg en lui lançant un clin d’œil.

        Arrivés à la maison, les femmes les informent qu’elles ont essayé de joindre la gendarmerie, mais que la ligne est sans cesse occupée. Apparemment, rien n’a été encore prévu pour assurer les  d’urgences.

Néanmoins, elles ont regardé les informations à la télévision, et elles ont vu des images d’hélicoptère qui montrent la vallée entièrement submergée. Il a été dit également qu’il y a très peu de victimes, car tous les habitants de la vallée sont partis avant la catastrophe, et que ce mystère reste inexplicable.

Béryl informe son mari que son père a appelé, très inquiet, et a proposé son aide. De quelque manière que ce soit, a-t-il dit. Borg est de plus en plus surpris.

        Elles n’ont vu personne depuis hier, et ont l’impression d’être sur une île déserte. La voiture tout-terrain étant perdue, et celle de Marie inutilisable en raison de l’état des routes, elles se sentent complètement coupés du monde. A tel point que Marie remarque :

-  « Heureusement que Béryl n’est pas sur le point d’accoucher ! »

-  «  Ça ne serait pas un problème : Nous avons avec nous un accoucheur chevronné. Hein, Jeannot ? Néanmoins, ça m’ennuie un peu qu’on ne puisse joindre les autorités, et surtout qu’on ne sache pas vraiment ce qui se passe dans la vallée. » Dit Borg.

-  «  Moi je pourrais aller voir avec Beauty, en grimpant sur la colline, on éviterait les ruissellements. De là-haut, on aurait une vue d’ensemble qui nous permettrait de savoir si on peut descendre. Je connais un chemin qui peut m’y conduire. Beauty ne craint pas les terrains difficiles. Il semble au contraire né pour ça. C’est un cheval tout terrain. Ah !  Ah !  Ah ! »

-  «  C’est une idée intéressante, mais je ne crois pas que ce soit une bonne chose de sortir tout seul, avec les dangers qui peuvent survenir dans des conditions pareilles. »

-  «  Tu n’as qu’à venir avec moi ! »

-  «  Tu penses que Beauty pourrait nous porter tous les deux ? »

-  «  Non, pas dans ce genre de terrain ; Mais c’est pas les chevaux qui nous manquent. Il y en a plein le hangar, et d’ici demain – parce que je ne pense pas que tu veuilles faire ça de nuit – ils seront remis de leurs épreuves. »

-  «  Moi ? Sur un cheval ? Tu plaisantes ? »

-  «  Non ! Pourquoi ? Ça ne t’est jamais arrivé ? »

-  «  Si, il y a fort longtemps, et c’était dans un haras, nous étions encadrés. »

-  «  Eh bien, je t’encadrerai, mon gars, tu peux compter sur moi. »

-  «  Je… ne sais pas si je peux… »

-  «  Bien sûr que si, ça ne sera pas plus difficile que ce qu’on a fait aujourd’hui. Quelle journée ! Moi je voudrais bien bouffer et aller au pieu. »

-  «  Moi aussi. Mais avant, tu appelles le fermier que tu connais, et tu lui expliques, pour les vaches. Dans la foulée, tu peux aussi contacter le propriétaire du hangar, il vaut mieux l’avertir. Et s’il renâcle, soit ferme. Dis-lui que s’il n’est pas d’accord, je l’attaque en justice pour non-assistance à vaches en danger. »

-  «  Tu crois que ça marche, un truc pareil ? »

-  «  Je ne sais pas. »

-  «  Ben alors ? »

-  «  Ben alors, peut-être que lui non plus ne le sait pas. »

Jeannot s’exécute. Il prend une voix ferme pour expliquer ces évènements, comme si c’était une chose tout à fait normale, et impérative. A l’autre bout, personne ne bronche. L’affaire est réglée en peu de temps. Jeannot dit alors à ses amis :

-  «  Ça marche ! Je crois que tout le monde à la comprenette à l’envers avec cette catastrophe ! »

        Le lendemain matin, La pluie a cessé, et les filles sautent et dansent de joie. L’épreuve est terminée. On pourra tout réparer et recommencer. Jeannot enfourche Beauty pour aller chercher un cheval au hangar. Il est agréablement surpris de voir que l’endroit a été nettoyé. Comme quoi, les gens ne sont pas aussi nuls qu’il le croyait. Et il est très étonné d’en être aussi heureux. Il choisit un cheval solide et calme, l’équipe du harnachement qu’il a emporté, et retourne à la maison. Borg l’attend avec inquiétude, et lui dit :

-  «  Tu ne m’as pas choisi le plus beau, dis donc ! C’est un potache que tu m’apportes là ! »

-  «  Faut savoir ce que tu veux, non de non ! Si tu veux être peinard sur ton canasson, et arriver entier en haut de la colline, c’est celui-là qu’il te faut. Maintenant, si tu veux l’étalon, je vais te le chercher, mais il ne faudra pas te plaindre si tu te retrouves le cul par terre ! Non mais ! »

-  «  Ne te fâches pas, tu as raison, je suis un sombre abruti. »

-  «  Je ne te le fais pas dire… Allez ! En selle, amigo ! »

Borg enfourche le cheval, et est surpris de se sentir aussitôt à l’aise. C’est comme le vélo, pense-t-il, ça revient de suite. Il pense qu’avant de partir en expédition, ils pourraient passer voir si le Maire est revenu. Il fait en part à Jeannot qui répond ;

-  «  Je veux bien, mais je te parie qu’il ne sera pas là ! »

Jeannot a raison, la maison est toujours fermée. Il regarde Borg et lui dit :

-  «  A mon avis, il nous faudrait un nouveau Maire. »

-  «  C’est possible. »

-  «  Un gars solide, qui soit copain avec tout le monde. »

-  «  Sans doute. »

-  «  Quelqu’un comme moi, quoi. »

-  «  Pourquoi pas ? »

-  «  Et c’est tout ce que tu trouve à dire? »

-  «  Oui. »

-  «  Tu fais la gueule ou quoi ? »

-  «  Je t’ai vu venir : Je te fais marcher. Je trouve l’idée géniale que tu deviennes Maire, quand moi je vais être père.

-  « Ah ça, c'est d'une grande finesse! On y va! Go, cavalièro!»

Le chemin de Jeannot est raviné et boueux, mais ça n’a pas l’air de déranger les chevaux. Beauty est en tête, et Borg admire Jeannot qui monte comme un dieu. Ces deux là se sont trouvés, on dirait un centaure. Borg lui demande :

-  «  Comment se fait-il que tu aies deux harnachements ? »

-  «  Marie m’en a offert un avec le cheval, mais c’est vieux un truc d’occasion, indigne de Beauty. Dès que j’ai pu, je me suis payé un équipement complet de cow-boy. Ça m’a coûté la peau des fesses, mais je n’ai pas tellement d’autres dépenses, et puis, il y a eu la prime que tu m’as filée pour l’accouchement, alors… »

-  «  Ce n’est pas moi, ce sont ces gens qui ont voulu te récompenser. »

-  «  Vouai, mais je sais bien que tu as rallongé la sauce. »

-  «  C’est normal de récompenser les employés consciencieux. »

-  «  Ah ! Ah ! Ah ! Tu as de l’humour, aujourd’hui ! On va voir s’il va durer jusqu’en haut. »

Borg comprend vite ce que veut dire son ami. Ça se complique, dans ce foutu chemin qui se rétrécit de plus en plus, si bien qu’il est obligé de rester plié sur l’encolure du cheval pour ne pas prendre de branches dans le visage. Mais ça ne dure pas longtemps. Il débouche sur un chemin plus large, qui monte en serpentant vers la crête.

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