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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

Paulo étant d’accord (comme toujours), cette

Paulo étant d’accord (comme toujours), cette soirée attendue arrive enfin.

       

Béryl porte une ample robe qui ne laisse pas deviner l’événement qui se prépare.

Il est curieux de voir que, pour un simple dîner de famille, chacun a mis ses plus beaux atours.

Ils s’en amusent, et finalement, c’est Marie qui résume la chose :

-   « Comme on ne sort plus tellement, c’est l’occasion où jamais de se faire beaux. »

Le repas terminé, ils laissent un moment les jumelles s’amuser, puis Paulo donne l’ordre du coucher. Béryl monte avec elles pour les mettre au lit et redescend très vite.

Ils entament le dialogue en commentant leurs perceptions, et en expliquant leurs intuitions des messages négatifs, chacun leur tour, mais sans pouvoir émettre une seule hypothèse. Ils sont dans le noir.

-   «  Alors que la lumière soit. » Dit Béryl.

Le silence se fait. Ils ferment les yeux et se concentrent pour visualiser leur énergie vers l’endroit convenu pour les réunir: Sous le lustre. L’effet est surprenant : Le lustre oscille. Ils demandent avec détermination la raison de ces émanations négatives. Puis ils instaurent dans leur esprit un état de passivité mentale, et attendent avec confiance la réponse. Marie parle la première, toujours les yeux fermés :

-   « C’est un élément extérieur… Un élément naturel…C’est très fort. »

-   « L’élément, c’est l’eau, dit Béryl… Beaucoup d’eau sombre. »

Borg enchaîne :

-   « Il y a des arbres dans cette eau. »

-   « Ah ! Mon dieu ! Je vois des gens dans l’eau. » Poursuit Line.

-   « Il y a de l’eau partout. Il n’y a plus rien que de l’eau. Elle ravage tout. Elle détruit, elle tue. Pensez-vous à la même chose que moi ? » Demande Béryl en ouvrant les yeux.

-   « Une inondation. Quelque chose d’inouï, de jamais vu, de démentiel. La catastrophe. » Conclue Borg.

Ils se regardent, atterrés.

-   « Croyez-vous que ce soit dans la vallée ? » Demande Line.

-   « Il y a de grandes chances. Pourquoi serions-nous informés d’une inondation qui doit avoir lieu aux antipodes, Vous savez bien que l’énergie est l’intelligence suprême. »

-   « Et on fait quoi ? » Demande Jeannot

Marie s’emballe tout de suite, et dit qu’il faut prévenir les gens, aller voir les Maires, faire une communication à la presse, à la radio… Borg l’interrompt en lui demandant :

-   « Et comment vas-tu expliquer le fait que tu saches cela ? »

-   « Hé bé… Je ne sais pas, moi !… Tu as une idée ? »

-   « Je me vois mal aller trouver le Maire de mon village, un paysan qui a les pieds sur terre, et la tête dans ses récoltes, pour lui dire que j’ai eu une vision, et qu’il faut évacuer tout le monde dans la vallée. Il va me rire au nez. Quelqu’un a-t-il une autre idée ? »

-   « Peut-être, dit Paulo. On peut l’expliquer d’une manière plus… terrestre : L’été a été très chaud et sec, il n’a pratiquement pas plu à l’automne, ni cet hiver. Comme il tombe toujours à peu près la même quantité d’eau tous les ans, il faut bien qu’elle tombe à un moment, et on y est à ce moment. »

-   « D’accord, mais comment tu prouves que le moment est arrivé ? »

-   « On tourne en rond, dit Béryl. En attendant de trouver une solution pour les autres, il faudrait nous organiser nous-même. Les seuls qui ne risquent rien sont Jeannot et Marie. »

-   « Savez-vous quand ça va se passer ? » demande Paulo

Ils se concertent tous les quatre du regard, et Marie dit :

-   « C’est difficile à savoir, le temps n’existe pas dans l’autre dimension. La seule façon d’en avoir une idée, c’est de tenir compte de la force et de la fréquence des messages. Pour moi, c’est imminent. Et pour vous ? »

Ils confirment qu’eux aussi ont une impression d’urgence. Marie propose que tout le monde vienne chez elle, puisque là-haut, ça ne risque rien. Borg sourit et lui répond :

-   « C’est une idée généreuse, merci Marie, mais je ne pense pas que ta maison soit assez grande pour loger tout ce petit monde… J’ai des possibilités, mais elles sont toutes sur Paris. Line, tu devras fermer ton commerce, et toi Paulo, arrêter tes activités. Vous emmènerez toutes les choses que vous pourrez dans vos voitures, et vous pourrez peut-être en mettre quelques-unes chez Marie ? »

-   « Sans problème. Et s’il ne reste que vous deux, propose Marie, je peux vous recevoir : il y a une chambre d’amis avec un cabinet de  toilette. Ce n’est pas Versailles, mais c’est douillet. »

-   « Nous acceptons de grand cœur, Marie, répond Borg. Je dois rester près d’ici, on aura certainement besoin de médecins. Alors on fait comme ça. Paulo, je vais te donner une adresse à Paris. C’est un appartement que je loue, mais qui est libre actuellement. Ce n’est qu’un trois pièces, mais il est équipé. Il y a une grande cave avec porte blindée. Tu pourras y mettre ce que tu emmènes. Je vais téléphoner à la gardienne qui a les clefs, pour prévenir de votre arrivée. Elle vous montrera où se trouve le garage, mais vous ne pourrez y mettre que la voiture de Line. Tu devras laisser ta camionnette dehors, paulo. J’espère que ce sera pour peu de temps. Et surtout, j’aimerais que vous ne vous inquiétiez pas pour votre maison. L’eau, ça vient et ça repart. Je vous aiderai à faire remettre tout en état. »

Jeannot propose alors :

-   « Je pense que le mieux, pour s’organiser, C’est de préparer ensemble le départ de Line et de paulo. On prendra toutes les voitures, et on montera tout ce qui pourra tenir chez nous. Ensuite, on viendra chez toi, Borg, et on fera pareil. »

-   « Nous n’emporterons chez toi que le matériel médical. En ce qui concerne la maison, nous mettrons un maximum de meubles à l’étage et au grenier, en espérant que l’eau s’arrêtera là. De toute façon, pour moi, ces choses sont dérisoires. Ce qui importe, c’est la vie. Je contacterai mes patients pour annuler tous les rendez-vous et préviendrai les Silvère de notre départ. Nous commençons demain matin. »

        Ils se lèvent tous très tôt le lendemain, et suivent le plan de Jeannot. A treize heures, Paulo et sa famille sont prêts à partir. Ils déjeunent chez Borg, et les adieux se font sans sourire, avec de l’inquiétude au fond des yeux.

En début d’après-midi, tandis que Borg et Jeannot déménagent le cabinet médical, Béryl reçoit un appel de Madame Samplard qui lui dit :

-   « Je me permets de vous déranger, Madame parce que Louise me harcèle depuis deux jours pour que je vous contacte. Elle n’arrête pas de me dire que nous devons partir vite de la maison. Je me demande si elle n’est pas encore en train de recommencer ses histoires imaginaires. Ça me fait soucis, ces filles qui sont toujours à faire et dire n’importe quoi. Je voulais avoir votre avis. »

-   « Louise a raison, Madame Samplard. J’allais d’ailleurs vous appeler pour vous en parler. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas poser de questions et de me faire confiance. Je vous expliquerai tout cela par la suite. Mais partez vite. Je crois savoir que vous avez de la famille à Mantes. Emportez ce que vous pouvez et partez le plus tôt possible. Nous même allons nous installer chez mon grand-père. Je vous laisse, maintenant, Madame, j’ai tellement de choses à préparer. Mais encore une fois, je vous supplie de me faire confiance. Partez ! »

-   « Vous n’avez pas besoin de me supplier pour vous faire confiance, Madame, elle vous est acquise depuis le premier jour. Ne vous inquiétez pas. Je prépare tout et nous partons aujourd’hui. Je vous remercie du fond du cœur. A bientôt ! »

Cet appel fait penser à Béryl qu’elle a promis à Borg d’appeler son père pour l’informer qu’ils prennent quelques jours de vacances chez des amis (c’est la version officielle.) Elle l’appelle donc, lui explique la chose, et lui donne les coordonnées de Marie. Il s’exclame alors :

-   « Mais c’est chez Jeannot ! »

-   « Oui. »

-   « Vous le saluerez de ma part, Béryl. Cet homme m’inspire beaucoup de sympathie. Et vous embrasserez mon fils pour moi. Au revoir, ma petite belle-fille ! »

Lorsque Béryl transmet ce message à son mari, celui-ci est profondément surpris. C’est plus qu’il n’en a entendu en vingt ans de vie commune. C’est une histoire à suivre, se dit-il, songeur.

        Le soir même, Borg et Béryl sont installés chez Marie. Le living ressemble à un garde-meuble. La maison de Marie n’est pas grande. C’était la maison de vacances de ses parents : Un living spacieux et une petite cuisine en bas, deux petites chambres avec salle d’eau à l’étage en soupente.

        A la mort de ses parents, Marie est restée dans leur appartement de Paris, mais les charges inhérentes à ces deux habitations sont devenues trop lourdes. Elle a fait le choix de vivre au calme et de louer l’appartement. Elle ne l’a jamais regretté.

Béryl se sent bien chez Marie. C’est la première fois qu’elle se lie d’amitié, et Marie correspond à son attente. Leurs différences se complètent, chacune les découvre comme quelque chose de mystérieux et de charmant. Quant à Jeannot et Borg, si la raison n’en était pas aussi dramatique, ils seraient ravis de se retrouver sous le même toit.

        La soirée est consacrée à trouver la façon d’avertir les gens de la vallée, mais ils n’arrivent pas à une solution satisfaisante. Dans toutes les hypothèses qu’ils présentent, ils se heurtent toujours à l’incrédulité. Ils sont prêts à révéler leurs dons particuliers pour sauver tant de vies ! Mais qui voudra les croire ?

-   « Et vous n’avez pas le pouvoir de nous débarrasser de toute cette flotte ?… De faire en sorte qu’elle ne vienne pas, ou bien qu’elle vienne tout doucement ? » Demande Jeannot.

-   « Non, répond Béryl, je ne sais pas faire cela, je ne peux pas influencer les phénomènes climatiques, mais seulement ce qui est vivant : Les plantes, les animaux, certaines personnes. Mais toi, Marie ? »

Marie se lève, les bras en l’air en s’exclamant :

-   « Non, moi non plus ! Mais il y a une autre solution : Les gens !»

-   « Quoi les gens ? » Demande Jeannot qui se méfie un peu des méandres imaginatifs de sa femme.

-   « Si nous ne pouvons rien pour l’eau, nous avons, par contre, la possibilité d’envoyer des messages très forts dans l’esprit des gens pour les faire partir, en y mettant une notion d’urgence irrépressible. Ils auront soudain une forte envie d’aller ailleurs. Si nous y mettons tous, ça peut marcher ! » répond Marie

Béryl enchaîne aussitôt :

-   « Elle a raison, c’est faisable, mais nous ne pourrons pas sauver tout le monde : les personnes environnées d’énergies négatives ne recevront rien ou très peu. »

-   « Tu veux dire qu’il n’y a que les gentils qui seront sauvés ? » Demande Jeannot.

Béryl sourit et répond :

-   « En gros, c’est à peu près ça. »

-   « Moi, dit Jeannot, ça ne me dérange pas que les mauvais, ils crèvent. »

Borg le regarde en soupirant. Un soir, il a demandé à Béryl pourquoi Jeannot, qui est la crème des hommes, n’a pas un niveau spirituel plus élevé. Elle lui a répondu qu’il lui manquait certaines vérités. Il comprend lesquelles maintenant, et lui dit :

-   « Il ne nous appartient pas de juger les gens. Les méchants méritent aussi d’être sauvés, Jeannot, d’abord parce qu’ils n’ont pas conscience de l’être, ensuite parce que nous pouvons espérer qu’ils ne le seront pas toute leur vie. Il faut leur laisser une chance. »

-   « D’accord, mais en attendant, ils pourrissent la vie des autres. Vous pouvez y aller, ce n’est pas moi qui les regretterai. »

Béryl appelle sa mère à Paris pour lui demander de participer à leur action. Line s’exclame en disant que c’est ça, « l’Idée ! » Et elle promet d’y passer la nuit, et la journée de demain. Quand elle raccroche, Jeannot demande :

-   « Elle n’est pas trop loin pour faire ça ? »

-   « Dans l’autre dimension, il n’y a ni temps, ni distance. Marie, il faut rechercher les coordonnées de la famille Samplard à Mantes. Louise possède une puissance dont nous aurons besoin. »

Marie recherche dans son ordinateur, et trouve rapidement. L’ennui, c’est qu’il y a plusieurs Samplard. Alors lequel ?

-   « On va les appeler tous, en demandant Marie-Thérèse, c’est le prénom de la mère. »

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