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LA RIVIERE GLACEE
10 juin 2007

Un dimanche après-midi où ils sont seuls tous les

        Un dimanche après-midi où ils sont seuls tous les deux, Borg  parle longuement de ses parents avec Béryl, car il reste indécis quant à leur présence à son mariage. Il a un si mauvais souvenir du premier. Il lui raconte sa jeunesse, comme il l’a racontée à Jeannot. Il lui demande son avis, et Béryl lui répond :

-  «  Ce sont tes parents, Borg, ils ne sont pas éternels, et si tu ne les invites pas, tu pourrais en avoir des remords plus tard. Il est préférable de faire la paix avec les gens de leur vivant, afin qu’ils puissent partir tranquilles dans l’autre dimension. C’est préférable aussi pour toi. Il n’est pas bon de garder de la rancune en soi. »

-  «  Tu es un être pur, Béryl, tu ne peux pas imaginer le mal dont ma mère est capable. Elle ne vit que pour détruire tout le monde autour d’elle. »

-  «  Personne ne peut nous faire du mal si nous le décidons. La véritable normalité d’un être humain est la perfection. Nous sommes des êtres de lumière. Le mal n’est pas normal. Si tu admets cela, tu peux considérer ta mère comme une malade mentale. On ne peut pas en vouloir à une personne d’être malade.  Si tu n’as plus peur d’elle, elle perd le pouvoir de te détruire. La peur favorise le mal. »

-  «  C’est facile à dire. »

-  «  C’est aussi facile à faire. Si tu établis des barrières mentales, tu seras invulnérable. Car ton point faible, c’est ta sensibilité et ton émotion que tu ne protèges pas. »

-  «  Et je fais comment ? »

-  «  Il est nécessaire que tu apprennes à dialoguer avec toi-même, et que tu décides fermement ce que tu veux être. Il ne suffit pas de dire vaguement qu’on veut changer. J’explique :

Si tu es d’accord intellectuellement avec une théorie, tu l’exprimes alors consciemment comme vérité fondamentale, avec conviction, de façon à influencer la mémoire programmée de ton cerveau.  Cette mémoire donne des ordres en ce sens à l’inconscient qui reçoit les émotions. Le processus d’automatisme se fait d’autant plus vite que ta conviction est déterminée. Le résultat est que tu deviens « imperméable » à la méchanceté. Parce que, systématiquement, ton cerveau obéi aux ordres conscients, et refuse toute forme d’agression. C’est cela qu’on appelle barrière mentale. Si tu travailles avec l’énergie spirituelle, Cela peut se faire très vite.

Pour t’expliquer cela sur un autre plan, cela se passe de la même façon que l’échange d’énergies que tu as pu observer entre Marie et Jeanot. Sauf que lorsqu’il s’agit d’énergies négatives, les couleurs sont différentes : Gris, noir, vert-de-gris, par exemple. Si elles ont accès à ton esprit, elles peuvent s’y installer et tenter de le détruire en t’attirant vers le côté négatif. C’est ce que tu as connu sur la rivière glacée. »

-  «  Je ne savais pas que le mal a tant de pouvoir. C’est effrayant. »

-  « Il n’a que le pouvoir que tu lui accordes. De toutes façons, il ne faut pas que tu te fasses de soucis si tu décides d’inviter ta mère à notre mariage. Si tu fais la somme de puissance spirituelle dont nous disposons à nous quatre : Toi, moi, ma mère et Marie, le mal a peu de chance de s’y risquer. »

-  «  Je te remercie, mon amour, de consacrer le peu de temps que nous passons ensemble à régler mes problèmes familiaux. Je ferais comme tu as dis. Mais racontes-moi maintenant comment tu es devenue si savante? »

Béryl se met à rire en lui disant :

-  «  Sujet du débat de ce soir : « Comment une gargotière de village peut-elle devenir savante ? »

-  «  Ma chérie, que dis-tu là ? Crois-tu vraiment que j’aie pu penser une telle chose ? »

-  «  Non, c’était pour détendre l’atmosphère chargée de neurones. Ceci dit, ne crois pas que je sois aussi savante que tu le penses. J’ai arrêté mes études pour aider ma mère qui succombait sous le travail. Cela n’a pas été un grand sacrifice parce que les études conventionnelles ne m’intéressent pas. Leur finalité est l’apprentissage d’un métier. Elles comportent des limitations relatives à la fonction de ce métier. J’ai beaucoup trop de curiosité dans tous les domaines pour m’arrêter à une fonction précise. J’ai continué à étudier chez moi tout ce qui m’intéressait. Comme la psychologie, les religions anciennes, l’histoire de l’humanité, les mathématiques, et tout le saint-frusquin, comme dirait tonton Jeannot. »

-  «  Mais tu avais songé alors à ton avenir ? »

-  «  Je n’avais pas de soucis à ce sujet : Il y avait toujours le commerce qui m’apporterait la subsistance. »

-  «  Et maintenant que je peux te donner la possibilité de faire ce que tu veux, as-tu des projets ? »

-  «  Oui, mais ils sont encore trop vagues pour que je t’en parle. Fais-moi confiance, mon amour, je ferai toujours en sorte de ne pas te décevoir. »

Borg n’en doute pas. Cette après-midi passée en cogitations intellectuelles se termine par un charmant tableau : Deux amoureux enlacés dans la lumière dorée d’un jour d’été.

        Enfin, le jour arrive. Borg a tout organisé dans son parc. Il a donné ses directives à l’intendante pour que la fête ressemble à un conte de fée. Et c’est le cas. Des milliers de fleurs ont été disposées dans des jarres autour des tentes dressées dans le parc. Il y en a aussi une profusion sur les tables. Borg sait que Béryl adore les fleurs. Deux jeunes filles blondes ont été engagées pour servir dans le costume de la région. Un orchestre est installé sur la terrasse. Mais le plus charmant, c’est la vision des deux mariées dans leurs robes de princesse.

Marie en satin jaune pâle, en harmonie avec son teint ambré, ses cheveux auburn et ses grands yeux verts.  Béryl en dentelle bleu pastel (il est hors de question que je porte du blanc, a-t-elle dit), ce qui, dans l’esprit de Borg, la fait ressembler à l’oiseau bleu.

Il n’y a pas tellement de monde, pense l’intendante. Elle a raison. Seuls sont là les héros de notre histoire. Et deux personnes d’un autre monde s’y sont fourvoyées : Les parents de Borg.

Béryl a eu raison – comme toujours – en ce qui concerne sa mère. Il semblerait que toutes les énergies positives qui rayonnaient ce jour là lui aient « cloué le bec » comme l’a fait remarquer Jeannot. Line s’est chargée d’elle la plus part du temps. Quant au papa, Jeannot se « l’est mis dans la poche » en parlant placements et finance.  Ils sont devenus « potes. » Les jumelles ont été relativement sages, et elles ont ingurgité une telle quantité de gâteaux, que tout le monde a craint qu’elles ne soient malades. Mais non.

Jeannot a été très ému quand Borg lui a donné son cadeau de mariage : Le fameux Chippendale qu’il a gardé pour l’occasion.

La journée est une réussite, et elle se termine sur une question de Line :

-  «  Avez-vous compris le sens de notre rencontre ? »

-  «  Oui, répond Borg, c’est tout simplement de nous trouver. »

Béryl ne dit rien. Elle sait que cette rencontre les oriente vers quelque chose d’autre… Mais elle se tait. Elle ne veut plus y penser. Sa nuit de noces l’attend, et elle s’octroie le droit, ce soir, de ne penser qu’à cela.

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